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Protectionnisme européen, euro-bouclier ou euro-fardeau, Eloi Laurent revient sur l’Europe dans la crise

03/03/2009 15:56

Protectionnisme européen, euro-bouclier ou euro-fardeau, Eloi Laurent revient sur l’Europe dans la crise


L’intégralité du débat avec Eloi Laurent, mercredi 11 février 2009.

Tom : Les mesures protectionnistes ne sont-elles pas des mesures à court terme qui ont historiquement démontré leur inefficacité sur le long terme ?

Eloi Laurent : C’est une question un peu technique, mais je vais la prendre dans un sens général. La question de l’efficacité économique des mesures protectionnistes est débattue parmi les économistes au moins le tout début de la révolution industrielle, et jusqu’aux développements les plus sophistiqués de la théorie du commerce international. Par exemple, un des arguments développés par Hamilton et List, aux XVIII et XIXe siècles, concerne les industries dites "naissantes" ou dans l’enfance.

L’argument de ces auteurs était que si l’on protège une industrie pour qu’elle puisse se développer et affronter la concurrence internationale, on lui évite une mort prématurée et on s’assure un avantage comparatif pour des décennies. Cet argument de l’industrie naissante montre que certaines mesures protectionnistes peuvent être efficaces à long terme. N’oublions pas que les Etats-Unis ont été très protectionnistes quasiment jusqu’en 1950, et que la croissance y a été très forte.

John : Y a-t-il une vraie montée des menaces protectionnistes dans le monde ?

Eloi Laurent : C’est une question difficile à trancher en l’état, car il y a des signes qui peuvent se muer en risques et en politiques protectionnistes très vite. Pour autant, à l’heure où nous parlons, les mesures protectionnistes effectivement prises sont limitées. L’alerte la plus sérieuse est venue des Etats-Unis, avec cet amendement visant à acheter américain dans le paquet budgétaire en discussion au Congrès. Il a été écarté sans être pour autant retiré du projet.

Une autre menace inquiétante concerne l’Union européenne et les dissensions de plus en plus vives entre les Etats membres. Mais parler de protectionnisme entre pays européens montre bien l’étiage auquel est parvenu le débat économique en Europe. Il s’agit de partenaires commerciaux qui coopèrent ensemble, pour certains depuis cinquante ans, sous une loi commune. Certaines mesures peuvent être dérogatoires à la loi commune, mais je ne crois pas que l’on puisse parler à leur sujet de protectionnisme.

Une dernière question concerne les taux de change, et là aussi, le signal le plus dangereux est venu des Etats-Unis, qui semblent de plus en plus préoccupés par le niveau de la monnaie chinoise. Ce dernier exemple montre bien pourtant que l’interdépendance économique est pour l’instant un frein déterminant à la montée du protectionnisme, car on voit mal les Etats-Unis s’attaquer à leur principal créancier alors même qu’ils s’apprêtent à engager plus de 2 000 milliards de dollars de dépenses.

Siela_1 : Est-ce que ce sont les mesures protectionnistes prises par les Etats à la suite de la crise des années 30 qui ont accentué la crise, notamment par la chute du commerce international ?

Eloi Laurent : Certainement. La Grande Dépression n’est pas née de la montée du protectionnisme dans l’entre-deux-guerres, mais a été aggravée par elle. La chute très brutale du commerce mondial, dont le volume a été divisé par trois entre 1929 et 1934, est la conséquence directe du vote par le Congrès américain de la loi Smoot-Hawley en 1930.

Goulp : Le vrai obstacle à un protectionnisme européen, qui s’impose d’évidence, c’est le cavalier seul de l’Allemagne ("Je vends aux Chinois, vous achetez chinois"). Pour E. Todd, le seul moyen d’en sortir c’est de sortir de l’euro si Berlin persiste dans son refus. Qu’en pensez-vous ?

Eloi Laurent : Cette question du protectionnisme européen est à la fois intéressante et, à mon sens, mal posée. En moyenne, les pays européens consacrent les deux tiers de leurs échanges internationaux à des échanges au sein de l’Union européenne. Si l’on parle d’un protectionnisme aux frontières de l’Union européenne, il ne porterait donc que sur un tiers des échanges extérieurs.

La véritable question – mais c’est aussi celle que vous posez – est celle d’une politique macroéconomique active et réactive au sein de l’Union européenne. C’est aussi celle d’un Etat-providence redéfini et mieux à même d’absorber le choc de l’ouverture internationale. Prenons un exemple précis : l’évolution de la part des salaires dans la valeur ajoutée dans les pays européens a été bien plus affectée entre le milieu des années 1980 et le milieu des années 1990, période correspondant à l’achèvement du marché unique européen, que du milieu des années 1990 à aujourd’hui, période correspondant à l’intégration des pays émergents au commerce international. C’est donc au sein de l’Union européenne que se pose la question des inégalités liées au commerce international et, de manière marginale, à ses frontières.

J’ajoute que l’Union européenne a un rôle capital à jouer dans la résolution de la crise actuelle et que pour l’instant elle fait cruellement défaut. Alors que l’Europe devrait être le laboratoire de la coopération et de la coordination, elle est l’épicentre de la confusion, voire de la confrontation. Cette crise fracture l’Europe du nord au sud et de l’est à l’ouest. C’est cette dimension interne à l’Europe qui me préoccupe bien plus que la dimension externe.

L.V. : Pourquoi les pays de l’UE n’ont-ils pas réussi à se mettre d’accord sur des mesures de relance coordonnées ?

MTER_1 : Comment expliquer l’absence de coordination des Etats ? Si l’on prend l’exemple de la France et de l’Allemagne, comment expliquer le fait que chaque pays parte en ordre dispersé ?

Eloi Laurent : Il y a deux types de réponse à ces questions. La première vise à incriminer les hommes et les femmes, ou encore les joueurs. La seconde vise à incriminer les règles du jeu. C’est cette dernière réponse qui me paraît la plus pertinente. Nous payons aujourd’hui au moins une décennie, sinon deux, d’absence de réflexion sur les bonnes institutions économiques européennes.

Un fait me paraît particulièrement frappant : l’Europe n’a commencé à peser sur cette crise qu’au moment du sommet de l’Elysée à la mi-octobre. Or, ce sommet réunissait l’Eurogroupe au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement, institution qui n’existe même pas dans les traités européens. Autrement dit, l’Union européenne, et plus encore la zone euro, paie aujourd’hui au prix fort une longue, trop longue complaisance à l’égard d’institutions de politique économique beaucoup plus disciplinaires que coopératives. Autant la crise financière a pu surprendre les économistes, autant la paralysie, voire la cacophonie, européenne était écrite dans les traités européens. Il suffit de relire Jean-Paul Fitoussi.

Matthieu974 : Quelle instance internationale pourrait permettre de contrebalancer la globalisation de l’économie ? Un FMI revisité ? Une nouvelle instance ?

Utilisateur2 : Pensez-vous que l’option "Gouvernement Mondial" soit une option que Jacques Attali serait loin d’être le seul à partager ?

Eloi Laurent : Le FMI est sans doute – et c’est paradoxal – l’institution centrale aujourd’hui d’une éventuelle coopération internationale efficace qui reste encore largement à constituer. C’est paradoxal parce que le FMI était violemment critiqué, et à juste titre, au début des années 2000, et est devenu quasiment marginalisé au milieu des années 2000 du fait de la forte croissance mondiale.

Mais le FMI a été une des seules institutions internationales à faire preuve de lucidité quant à la gravité de la crise au printemps 2008, alors que, par exemple, l’OCDE ou la BCE prédisaient encore une crise limitée dans l’espace et dans le temps. La question capitale était d’apprécier que la crise n’était pas américaine, mais également européenne, et que le découplage entre pays développés et pays émergents était une chimère.

Le FMI a donc gagné une nouvelle légitimité du fait de sa lucidité. Il a par ailleurs retrouvé toute son importance comme pompier de l’économie mondiale du fait de la crise financière et du nombre de pays, souvent petits et très ouverts aux échanges internationaux, qui viennent frapper à sa porte.

Enfin, le FMI pousse depuis le sommet du 15 novembre à New York, sommet du G20, les pays, notamment développés, à tenir leurs engagements de relance et de coopération. Tout cela fait du FMI le lieu privilégié d’un gouvernement économique mondial. Il s’agit en somme de revenir à la vocation première de cette institution, créée en 1944 et instituée en 1945 avec, à l’époque, comme préoccupation fondamentale de ne jamais laisser une récession dans un pays déborder sur les autres pays. Bien entendu, le monde a changé à partir de 1971, et la doctrine du FMI a elle-même changé dans les années 1980, mais à l’origine, le FMI avait pour mission essentielle de venir en aide à un pays en crise économique pour éviter que la croissance mondiale en soit affectée. C’est très exactement ce qu’il s’agit de faire aujourd’hui.

Siela_1 : Faut-il transformer le FMI en Banque centrale mondiale avec la fonction de prêteur en dernier ressort ?

Eloi Laurent : C’est une question qui rejoint la précédente. Au moment où le système de Bretton Woods était en place, entre 1944 et 1971, le FMI avait en charge non seulement la question des éventuelles crises financières, non seulement celle de l’équilibre des balances des paiements, mais aussi la question du taux de change. A en juger par les dernières déclarations d’Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI, celui-ci ne souhaite pas que les questions monétaires soient pour l’instant mises sur la table. Mais ces questions de taux de change se poseront tôt ou tard.

Rik Rak : Vous avez publié avec Jean-Paul Fitoussi "La Nouvelle Ecologie politique", sur le développement durable. Que pensez-vous des premières mesures prises par les gouvernements, aux Etats-Unis et en France, en faveur de l’investissement dans les "green tech" ? Le secteur de la "croissance verte" et des nouvelles technologies de l’environnement peut-il devenir l’un des piliers de la relance de l’économie mondiale ?

Eloi Laurent : Je le crois. A vrai dire, j’en suis même convaincu. Mais je trouve que pour l’instant, l’Union européenne, qui est pourtant le leader mondial en matière de lutte contre le changement climatique, est très en retrait et que, même, on peut envisager que les Etats-Unis rattrapent le retard accumulé au cours des deux mandats de George W. Bush si l’Union européenne ne reprend pas le leadership. Il s’agit pour les pays européens de relancer leur économie pour la changer.

Une question essentielle à cet égard est celle de la taxe carbone. Le baril de pétrole est aujourd’hui à un niveau tel qu’il est plus que jamais opportun d’introduire dans le système fiscal, en particulier en France, un prélèvement sur les énergies fossiles. On pourrait en contrepartie diminuer les prélèvements sur le travail, ce qui viendrait soutenir l’emploi au meilleur moment.On pourrait également envisager des investissements massifs dans le bâtiment et le logement durable.

Tout cela – et je parle pour la France – est possible, est prévu, est même chiffré. Cela s’appelle le Grenelle de l’environnement. Je ne comprends pas pourquoi ce programme majeur n’est pas au centre de l’effort de relance français. La France pourrait même montrer l’exemple au plan européen à partir de ce modèle.

Siela_1 : Le plan de relance de la France est-il à la hauteur de la crise que nous traversons ? Fallait-il relancer la consommation ? PulseUltra : La France serait-elle en mesure de rétablir une politique protectionniste ?

Eloi Laurent : Pour ce qui est de la deuxième question, à l’évidence, non. La France est doublement contrainte par ses engagements européens – et on a bien vu que par exemple la République tchèque entend les lui rappeler – et elle est également contrainte par ses engagements internationaux, en l’occurrence son appartenance à l’Organisation mondiale du commerce.

Cela étant, on se méprend en pensant que l’OMC interdit toute mesure protectionniste. Il est par exemple prévu dans la charte de l’OMC qu’un pays puisse prendre des mesures protectionnistes pour des motifs environnementaux. Cela rejoint une question antérieure sur le protectionnisme européen, en l’occurrence il me semblerait tout à fait justifié sur la question environnementale. D’ailleurs, des centaines de produits sont arrêtés chaque année aux frontières du marché unique sur cette base.

Pour ce qui est de l’effort de relance français, il me paraît sous-dimensionné compte tenu de l’ampleur de la crise. J’ai d’ailleurs l’impression plus générale que les pays européens sont engagés dans une course de lenteur visant à leur permettre de devenir des passagers clandestins de la relance américaine. D’où les humeurs protectionnistes des Etats-Unis. C’est une spirale vicieuse dont seule l’Europe peut sortir le monde en s’engageant dans un effort de relance, monétaire et budgétaire, à la hauteur de l’enjeu. Il faut espérer que le sommet convoqué à la hâte pour le 1er mars permette un pas résolu dans cette direction.

Siela_1 : Que pensez-vous de la baisse du taux de TVA pratiquée par Gordon Brown ? Est-ce une solution généralisable à toute l’Europe ? Faut-il l’accord unanime des 27 ?

Eloi Laurent : Cette mesure, qui a été vivement critiquée par l’Allemagne et par la France, me paraît tout à fait défendable, et ce d’autant plus que, précisément, elle visait à montrer la voie aux autres pays européens pour soutenir la consommation. Il existe bien entendu des arguments en défaveur de cette mesure, dont le plus pertinent me semble être le contexte déflationniste actuel, mais la TVA est un des rares instruments que les Européens ont en commun, et même si la consommation n’a pas chuté dans les mêmes proportions dans chaque pays, ce serait au moins un signe d’entente et de coopération. Peut-être que l’effet serait du coup davantage symbolique qu’économique, mais les symboles d’union européenne se font bien rares ces derniers temps.

Goulp : On lit ça et là que les droits de douane moyens de l’UE sont de 4 % contre 8 % pour l’Alena, par exemple. Confirmez-vous ? Et comment expliquer que l’UE accepte d’être la "variable d’ajustement" du commerce mondial, comme l’a à juste titre dénoncé Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle (mais sans rien faire ensuite) ?

Eloi Laurent : Le chiffre que vous donnez n’est valable que pour les produits manufacturés. Les pays développés dans leur ensemble ont vu les droits de douane se réduire d’un facteur 10 des années 1940 à aujourd’hui, et le commerce international a été multiplié par un facteur 22 au cours de la même période.

Mais n’oubliez pas qu’un certain nombre de biens restent protégés à un niveau plus élevé. C’est notamment le cas des biens agricoles, qui sont en moyenne quatre fois plus protégés que les biens manufacturés. N’oubliez pas non plus que les services ne représentent que 20 % du commerce mondial et européen.

En réalité, le débat entre protectionnisme chimiquement pur et libre-échange chimiquement pur n’a pas beaucoup de sens. Il n’y a que des situations hybrides, et le rapport d’un pays à la mondialisation est fait d’un ensemble d’ouvertures et de protections. La question est de savoir sur quelle base s’appuie la protection ou l’ouverture, quelle est sa légitimité. Par exemple, des millions d’emplois en France sont légalement interdits aux étrangers non ressortissants de l’Union européenne. C’est une discrimination de droit qui est à mon sens très contestable. A l’inverse, certaines protections ne sont aujourd’hui pas assez développées. C’est par exemple le cas des protections qui s’appuieraient sur un motif environnemental ou social.

David_Miodownick_1 : L’euro a-t-il été un bouclier anti-crise ?

Eloi Laurent : C’est une question très intéressante. A l’évidence, oui, l’euro a protégé les pays de la zone des violentes secousses financières de ces derniers mois. Mais je crois, puisque nous fêtons le 10e anniversaire de la monnaie unique, qu’il faut aller plus loin. L’euro a-t-il été un facteur de prospérité pour les pays qui l’ont adopté ? Je crois que l’euro a apporté la stabilité, mais pas la prospérité. Il est par ailleurs très troublant que les citoyens européens se plaignent du niveau de l’inflation, qui est présenté comme le plus grand succès économique européen.

En réalité, cette revendication masque celle du pouvoir d’achat, c’est-à-dire de l’évolution des salaires, de l’emploi, de la qualité de l’emploi et de la croissance des niveaux de vie, autant de variables qui ne montrent pas un jour aussi favorable que celui de l’inflation nominale.

La vraie question pour la zone euro est aujourd’hui celle de sa cohésion, et elle est double : les pays de la zone sont-ils suffisamment unis par des institutions efficaces ? et les citoyens de la zone euro sont-ils suffisamment convaincus des bienfaits de l’intégration monétaire ? A ces deux questions, malheureusement, il faut répondre par la négative. L’euro est donc un bouclier, mais c’est un bouclier qui est en train de se fissurer.

Chat modéré par François Béguin






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